Le joueur de jeu vidéo est-il devenu un idiot ?

sous pression

Le joueur de jeu vidéo est-il devenu un idiot ?

Forcement une telle question risque de soulever un tollé parmi les nombreuses communautés de « gamers » ou casual gamers ».

Nous avons déjà analysé l’attitude d’une certaine industrie du JV et ce quelle peut produire sur les joueurs. Mais aussi ce que peuvent produire les influenceurs et autres médias sur la psychologie des gamers.

Au passage lire cet article : http://www.ionik.fr/2021/04/22/jeux-video-fin-du-game/

Voyons comment le joueur (ou gamer) s’est transformé (ou a muté) vers un état mental proche d’une ligne horizontale d’un encéphalogramme.

Et pourquoi aussi l’industrie veut uniquement des consommateurs et non des joueurs avertis ayant une vision plus éclairée sur leur environnement fétiche.

Un suiveur : 

Forcement le joueur de jeu vidéo d’aujourd’hui est indissociable des réseaux sociaux. Et ces réseaux sociaux sont une véritable manne pour observer la sociologie de cet univers.

Obligatoirement il suit le courant et particulièrement ces références au niveau des influenceurs.

Totalement incapable d’esprit critique, il fusionne dans une communauté et se sent imprégner pour la défense de son influenceur (c’est-à-dire son groupe) mais aussi des marques qu’il affectionne.

Il en découle parfois des positions proches du fanatisme avec des obsessions matérialistes dénuées de bon sens.

C’est exactement le même comportement concernant sa relation avec une marque (le Fanboy’isme).

Autant il fut une époque où l’on reprochait à notre univers de produire de la nullité, autant aujourd’hui il faut ne pas blesser la communauté à laquelle on appartient.

On préfère être un paillasson que de critiquer son influenceur, sa marque de constructeur ou son éditeur préféré.

Servitude hélas….

Abruti par une information médiocre :

On peut en vouloir aux médias ou aux influenceurs qui ont tendance à la médiocrité c’est vrai, mais le flot d’infos provoque une saturation et il accepte cet état de fait.

Le fait de se noyer dans une mare boueuse d’informations (parfois discutable) avec un titre dis « putaclic » tout en se confondant avec une expression faciale complètement idiote de l’influenceur ne va pas obligatoirement arranger le cas du viewer.

Dans ce « journalisme 2.0 » qui se transforme en lavage de cerveau pour celui ou celle qui a autant de recul qu’une huître, force est de constater qu’au travers de ce que l’on peut lire le niveau de réflexion de notre univers a terriblement baissé.

L’agressivité commerciale et les techniques marketing visant à plonger toutes réflexions vers le néant n’arrange pas les affaires et la vision des plus jeunes non plus.

L’industrie et ces actionnaires savent parfaitement comment s’y prendre pour que le joueur réfléchisse autant qu’une poule devant un mégot.

Le niveau d’exigence a baissé ou a disparu :

Comme lusty le rappelais dans l’une de ces vidéos « il faut avoir un niveau d’exigence ». En fin de compte c’est la logique du consommateur ayant le simple esprit de bon sens en phase avec son portefeuille.

Lusty parle du niveau d’exigence

Mais comme notre « gamer » a perdu toute logique, il a perdu aussi son niveau d’exigence.

Pire, il accepte qu’on lui vende des jeux non finis et attend patiemment que le studio (sur ordre de l’éditeur) sorte un patch. C’est-à-dire que l’on est en train d’accepter que l’industrie nous vende du travail non fini.

C’est un peu comme-ci que vous alliez chez un concessionnaire, que l’on vous vende une voiture avec trois roues et que vous attendiez patiemment que la quatrième se fabrique.

Certes un jeu vidéo à moins d’importance qu’une voiture utile pour se déplacer mais la logique reste la même.

Le joueur n’est plus un consommateur (est-il encore un joueur ?), il ne se rend même plus compte qu’il donne de l’argent à profusion, son propre argent.

Le dernier Battlefield 2042 et en encore une preuve une fois de plus.

Il faut allez voir des streamers/influenceurs qui parlent de la prochaine MAJ…etc.

Ils ne parlent pas du manque à gagner du consommateur et ne dénoncent pas la quasi escroquerie proposée par une partie de cette industrie.

Bien sûr il y a le coup de gueule et les mécontentements, mais en fin de compte si on regarde l’historique des sorties et des « gros coups » (d’arnaques) de cette industrie, cela continue sans aucun souci.

En l’occurrence les grandes structures y gagnent même si leur image est égratignée sur le moment.

L’amnésie semble une nouvelle marque de fabrique du gamer.

Le Prisme communautaire / le prisme politique :

Forcement une communauté va de pair avec certains positionnements et questionnements relatifs à la société qui nous entoure.

Force est de constaté qu’il y a une politisation des comportements.

Récemment Le JDG faisait cas de cela sur twitter

Vous avez donc des « gamers « fans de JV qui se mettent à avoir des postures quasi militantes et qui scrutent la moindre analyse critique.

Dans le cas ou votre approche déplait ou provoque une suspicion. Vous risquez d’avoir des hordes d’entités cultivant une forme de dystopie mentale derrière leur clavier vous provoquer, voir même vous insulter très facilement (Parfois cela va même plus loin).

La pire peut arriver si vous avez une réflexion à contre-courant d’un influenceur connu. Il est possible dans ce cas que vous déclenchiez un tsunami de personnes qui n’auront même pas analysés vos propos (Et qui d’ailleurs ne vous connaissent pas).

Et le jeu vidéo dans tout ça ?

Le JV n’est pas immature mais une industrie souhaite qu’il le devienne pour rendre au possible une immaturité chez le joueur(ese) visant à ne plus réfléchir sur le produit qui est vendu.

En l’occurrence les nouvelles communautés sont immatures et ne font plus la différence entre le JV et le Fast-food gaming proposés par une partie de l’industrie vidéoludique.

Que le produit soit bon ou mauvais ce n’est pas grave, on veut quand même le menu parce que le produit sur la photo il est beau et semble bon.

On « iconise » une marque, une licence, un éditeur et j’en passe. Une forme sacralisation (logo et marque) se met en place et l’industrie applaudit.

L’antagonisme des marques est profitable à l’industrie parce que cela sert de biais commerciaux. Cela renforce entre autre les communautés (voir les radicalisent) qui poussent les autres à l’achat (et au crédit).

Le consumérisme et l’abêtissement :

L’achat compulsif dans ce domaine est aussi révélateur de cette dépendance à un consumérisme qui prend une forme aliénante.

On peut parler des micro transactions, des loot box…etc.

Mais il y aussi tous ces joueurs qui exposent fièrement leurs achats sur les réseaux sociaux en attendant que leur marque, leur site préféré ou l’influenceur les likes ou twittent « j’aime ».

On parle dans ce cas de consumérisme vidéo ludique.

Perte de sens et donc perte de la réalité sur la consommation:

Les produits loot box, micro transaction, Upgrade Next ou DLC deviennent matériel alors que dans les faits c’est quelque chose d’immatériel. C’est un rajout virtuel et cela n’apporte strictement rien à la réalité, mais cela à un impact réel sur votre argent, c’est à dire le vrai.

La frontière est brisée entre l’argent vrai et cette forme de fausse monnaie. Les génies du marketing ont tout de même réussi à faire croire que le joueur allait se sentir nettement mieux dans l’utilisation de son jeu en achetant « des bonus ».

Le principe des précommandes (et non financement participatif) est exactement la même chose. On achète un produit pour le symbole qu’il représente comme licence connue et non pour le gameplay, univers ou graphisme puisque l’on ne sait pas comment sera fait le produit.

Hormis que certains médias et influenceurs participent et cette mécanique marketing de Hype visant à gonfler les ventes de « préco« .

Pour mémoire, Cyberpunk 2077, Watch Dogs 1er du nom (Et son downgrade) et bien d’autres… .

Ce que le joueur ne sait pas c’est que dans beaucoup de cas le jeu est déjà remboursé avant sa sortie. Cela est du aux autres titres d’une même licence (caractéristique unique à des licences connues) qui financent le travail en amont.

Des jeux comme FIFA, Battlefield ou Call of Duty fonctionnent sur se principe du financement en boucle.

Le joueur ne sait pas non plus que les micro transactions, loot box et DLC sont conçus en amont (Pour les grosses productions) lors de la finalisation du soft.

En l’occurrence c’est déjà dans les stocks.

De nouvelles générations:

L’ère post-Covid a fait naître de nouvelles générations et de nouveaux comportements. Le jeu vidéo est devenu une échappatoire au confinement (enfermement/cloisonnement) dans un univers sécurisé.

On se sent bien, on est enfermé au chaud avec des supports numériques et on se construit un nouveau « home » numérisé au point ou certaines(es) souhaitent des reconfinements pour fuir une réalité qu’ils ont du mal à supporter.

J’ai lu des post sur Twitter absolument effrayant concernant le souhait d’être enfermé.

Névrose te psychose

La frontière est parfois brisée lorsque le joueur(ese) retranscrit l’univers de son jeu vidéo dans une réalité qui est pensée quasi dystopique, « mon monde doit être parfait ».

Des générations de névrosés qui ont des situations sociales plutôt sécurisante et à l’abri de problèmes sociaux.

Adeptes de diffuser leur chat en photo (sûrement un symbole de sécurité et de tranquillité…allez savoir ?).

Vivant loin des banlieues ou peuvent résider des problèmes sociaux et de sécurité exposant fièrement leurs achats compulsifs tout en publiant une photo du fast-food infâme le week-end.

Promettant ensuite des heures de jeux après avoir ingurgité cette matière alimentaire.

L’appartenance à une « communauté  numérique » donne des ailes, mais ne semble pas produire de neurones supplémentaires pour permettre un recul sur son propre environnement.

Je n’ai jamais compris pourquoi il faudrait avoir 3 consoles et 15 manettes de la même marque, mais comme je le précisais plus haut « ce n’est plus un consommateur ». En résumé ce que l’on possède finit par nous posséder un moment ou à un autre.

allégorie de l’abattoir

On notera aussi dans ce groupe sociale les postures de haute moralité progressiste (En même temps en vivant à la campagne c’est plus facile d’être humaniste).

Pour finir cette analyse David M. Higgins éditeur pour le Los Angeles Review of Books, et qui enseigne au Inver Hills Community College dans le Minnesota qui a écrit un article « l’économie dans les jeux vidéo de science-fiction, démontre comment certain jeux vidéo fantastiques, en particulier les MMO, aboutissent à une forme ultime et sans contrainte de capitalisme. C’est exactement la même chose pour des jeux comme FIFA ou certains FPS qui font payer des améliorations ou des évolutions.

« Le joueur est-il devenu un idiot ? » :

Ce n’est pas obligatoirement les entreprises qu’il faut tout le temps blâmer mais le consommateur qui sous prétexte de sacraliser une marque ou une licence achète même le pire sans même y jouer.

 Si tout se confond entre des médias vendus au marché, des crétins d’influenceurs qui produisent de la médiocrité et des annonces lunaires de représentants de l’industrie, Effectivement on fabrique des idiots et notre loisir interactif devient lui aussi une fabrique à idiots.

Forcement ce n’est pas le jeu vidéo qui rend idiot mais la façon dont l’industrie veut qu’il soit ingurgité. Il faut des consommateurs pour les actionnaires et peu importe s’il a les moyens ou pas. Et surtout qu’il ne réfléchisse pas trop concernant le produit qu’on lui vend.

Des solutions ? :

Le mieux serait une prise de conscience des acteurs médiatiques (médias et influenceurs) ainsi qu’une scission sans équivoque entre l’industrie des jeux indépendants et celle de la « grande industrie ».

C’est aussi pour cela que de grandes sociétés essaient de faire venir dans leur giron des petits studios. Pour éviter une indépendance totale de petites structures (concurrentes en grand nombre) et ainsi se faire de l’argent sous couvert « d’être en phase avec une industrie authentique ».

Définition du jeu indé

Rappelons-nous que le JV est un média de masse, c’est devenu indissociable de nos cultures et loisirs familiaux.

Le courage de dire les choses n’est pas sans risque mais c’est aussi une question d’éthique et d’indépendance. Et surtout dans la manière que l’on se regarde dans une glace (j’imagine le nombre de miroir cassés…).

La solution sera de revitaliser l’intelligence et l’esprit critique et cela viendra de celles et de ceux qui oseront changer de logiciel en évitant de rester dans une zone de confort (Avec la monétisation).

s’amuser et réfléchir un moyen de se préserver

Les jeux vidéo constituent d’excellents supports à l’éducation aux médias. Loin du débat stérile qui cherche à trancher s’ils sont bons ou mauvais, leur popularité mérite une réflexion critique qui questionne leurs spécificités médiatiques et prenne au sérieux l’engagement souvent passionné des joueurs.

Plus que tout autre médias de masse, ce n’est pas tant leurs contenus explicites qui permet d’engager une réflexion avec leurs pratiquants que les effets sociaux de leur diffusion planétaire.

Pas si simple me direz-vous (Pour certains), mais il en va de l’avenir du jeu vidéo, de ceux qu’ils l’utilisent et ceux qu’ils l’utiliseront dans un proche avenir.

Émancipation pour un loisir libre et saint

S’amuser oui, mais faisons-le avec intelligence mais gardons notre liberté d’aller ou nous le souhaitons sans que notre comportement soit dicté par une industrie ou des communautés.

L’Ancien

Note : Il n’est pas question ici de généraliser et heureusement le bon sens existe aussi chez beaucoup de gens qui se passionnent pour le jeu vidéo. Néanmoins il s’agit d’un constat avec une pointe d’espoir que cela change dans les années qui viennent…Ou pas.

alyxlancien

"l'ancien". Ancien pour plus de 35 ans de passion vidéo ludique. Regard et analyse des contextes environnementaux lié au monde jeu vidéo. Joueurs, testeurs et chroniqueur indépendant. "Le jeu vidéo est art ludique, c'est une liberté totale de penser et de créativité qui mène à l’expansion de la libre expression artistique. Il n'engendre pas d'enfermement, mais une ouverture sur l'imaginaire collectif. En quelque sorte, c'est une porte vers notre propre liberté individuelle." A."l'ancien"

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